L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ont lancé une mission conjointe d’évaluation au Burkina Faso dans le cadre de l’initiative Atoms4Food, ce qui constitue une étape cruciale dans la lutte contre l’insécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest.
L’objectif de la mission consiste à recenser les principales lacunes et possibilités concernant l’apport d’un appui technique ciblé dans le domaine de l’alimentation et de l’agriculture au Burkina Faso, un pays où l’on estime que 3,5?millions de personnes, soit près de 20?% de la population, font face à l’insécurité alimentaire. Tirant parti de la science et de la technologie nucléaires, l’initiative Atoms4Food vise à renforcer la résilience agricole et les systèmes agroalimentaires dans l’un des pays les plus vulnérables de la région.
La mission, qui s’est déroulée du 26?mai?au?1er?juin, a permis d’évaluer la manière dont les technologies nucléaires et connexes sont utilisées au Burkina Faso pour relever les défis liés à l’amélioration de la production végétale, à l’amélioration de la qualité des sols, à la production et à la santé animales, ainsi qu’à la nutrition humaine.
L’initiative Atoms4Food a été lancée conjointement par l’AIEA et la FAO en 2023 pour contribuer à renforcer la sécurité alimentaire et à lutter contre la progression de la faim dans le monde. Cette initiative aidera les pays à employer des techniques nucléaires innovantes telles que la technique de l’insecte stérile et la sélection des plantes par mutation pour accro?tre la productivité agricole, garantir la sécurité sanitaire des aliments, améliorer la nutrition et adapter les systèmes agroalimentaires aux défis des changements climatiques. Jusqu’à présent, les pays donateurs de l’AIEA et les entreprises privées se sont engagés à verser près de 9?millions?d’euros pour financer l’initiative.
Les missions d’évaluation menées dans le cadre de l’initiative Atoms4Food servent à évaluer les besoins et les priorités propres aux pays participants et à recenser les lacunes importantes et les possibilités pour lesquelles la science et la technologie nucléaires peuvent offrir des solutions efficaces. Des solutions adaptées et propres au pays seront proposées sur la base des résultats de l’évaluation.
Le Burkina Faso fait partie des 29?pays qui, à ce jour, ont demandé à bénéficier d’un appui dans le cadre de l’initiative Atoms4Food. D’autres pays devraient également solliciter une telle aide cette année. à l’instar du Bénin, du Pakistan, du Pérou et de la Türkiye, le Burkina Faso a été l’un des premiers pays à demander l’organisation d’une mission d’évaluation Atoms4Food en 2025.
Une grande partie de la population du Burkina Faso vit encore dans la pauvreté et subit les inégalités. L’insécurité alimentaire a été aggravée par la croissance rapide de la population, l'inégalité de genre et le faible niveau d'instruction. De plus, à l’heure actuelle, 50?% du riz qui est consommé au Burkina Faso est importé. Le gouvernement cherche à parvenir à la souveraineté alimentaire en produisant suffisamment de riz dans le pays pour réduire la dépendance aux importations.
??La faim et la malnutrition gagnent du terrain dans le monde, et le Burkina Faso est particulièrement vulnérable face à ce défi grandissant??, a déclaré le Directeur général de l’AIEA, Rafael Mariano Grossi. ??Cette mission d’évaluation Atoms4Food marque une étape importante dans les efforts collectifs que nous déployons pour tirer parti du potentiel de la science nucléaire en vue de renforcer la sécurité alimentaire. Alors que l’initiative Atoms4Food gagne en importance dans le monde entier, nous nous engageons à fournir des solutions concrètes et durables pour faire reculer la faim et la malnutrition.??
La mission a été menée par une équipe de dix experts internationaux dans les domaines de la production végétale, de la gestion des sols et de l’eau, de la production et de la santé animales, ainsi que de la nutrition humaine. Au cours de la mission, l’équipe a rencontré des hauts responsables des Ministères de l’agriculture, de la santé et de l’environnement du Burkina Faso et a visité des laboratoires, notamment le laboratoire de santé animale et l’installation de sélection par mutation à l'Institut de l'environnement et des recherches agricoles, les laboratoires de phytogénétique et de nutrition à l'Université Joseph Ki-Zerbo, et le site d’élevage de taureaux du Ministère de l'agriculture à Loumbila.
??Le Gouvernement du Burkina Faso s’efforce de parvenir à la sécurité et à la souveraineté alimentaires, de fournir à la population du pays une alimentation suffisante, abordable, nutritive et s?re, tout en renfor?ant la durabilité de la cha?ne de valeur des systèmes agroalimentaires??, a déclaré Dongxin Feng, Directrice du Centre mixte FAO/AIEA des techniques nucléaires dans l’alimentation et l’agriculture et cheffe de la mission menée au Burkina Faso. ??Bien qu’il reste encore beaucoup à faire, les experts de la mission ont constaté que le gouvernement était fermement engagé et déterminé à élaborer des stratégies résilientes face au climat concernant les cultures (riz, pomme de terre, sorgho et mangue, par exemple), à renforcer la production durable de bétail, de petits ruminants et de volailles locales, et à faire reculer la malnutrition chez les nourrissons et les enfants, tout en examinant les liens qui existent avec la sécurité sanitaire des aliments.??
Les experts de la mission d’évaluation remettront un rapport synthétique d’évaluation qui formulera des recommandations concrètes concernant les domaines d’intervention visés dans le cadre de l’initiative Atoms4Food, ce qui permettra d’élaborer un plan d’action national visant à intensifier les efforts conjoints qui ont été déployés par les deux organisations au cours des dernières décennies. Il s’agira notamment de prévoir un élargissement du partenariat et une plus forte mobilisation des ressources. ??Notre priorité est maintenant d’élaborer un rapport de mission concret contenant des recommandations pratiques qui contribueront à l’élaboration du plan d’action national visant à améliorer la sécurité alimentaire du pays à long terme??, a précisé Mme Feng.